Déplacements professionnels en Allemagne : quelles sont les règles à respecter ?
Lorsque les entreprises françaises envoient leurs employés en mission en Allemagne, il est crucial de respecter les réglementations locales. L'Allemagne, par son économie solide et ses nombreuses opportunités d’affaires, attire chaque année de nombreux professionnels. Nous vous présentons les règles essentielles à connaître pour garantir le bon déroulement des déplacements professionnels en Allemagne, de la conformité administrative aux exigences sanitaires.
2. Durée du séjour et droit de séjour en Allemagne
3. Conditions de travail : réglementation et salaires minimums
4. Santé et sécurité des travailleurs en déplacement
5. Gestion de la fiscalité lors des déplacements professionnels
Lorsque des employés français sont envoyés en mission en Allemagne, respecter les formalités administratives locales est crucial pour assurer un séjour conforme à la législation.
"La première étape consiste à notifier le détachement de l’employé en utilisant le portail MiLoG (loi allemande sur le salaire minimum)."
Adélaïde Sapelier
Recruteuse
Eurojob-Consulting
Ce portail permet aux entreprises d'informer les autorités allemandes du déplacement de leurs salariés, en renseignant des informations telles que la durée de la mission, le poste de l’employé et son lieu de travail. Cette notification via MiLoG est obligatoire pour toute mission temporaire, même de courte durée, et vise à garantir que les conditions de travail des employés détachés respectent la réglementation allemande.
Ensuite, pour les missions de plus de trois mois, les salariés doivent s’enregistrer auprès de l’Ausländerbehörde, l’office des étrangers. Ce processus implique de fournir une série de documents, notamment un justificatif de domicile en Allemagne, une pièce d’identité valide et parfois une preuve de moyens financiers. Cet enregistrement auprès de l'Ausländerbehörde permet de garantir que l’employé est en règle avec le droit de séjour allemand.
En matière de couverture sociale, le formulaire A1 est un document essentiel pour les salariés détachés. Délivré par la Sécurité sociale en France, il confirme que le salarié reste affilié au système français de protection sociale, même pendant son séjour en Allemagne. Ce document protège l’employé et simplifie les démarches en cas de problème médical ou d'accident. Il est également recommandé de souscrire une assurance santé complémentaire en cas de soins nécessitant une couverture étendue. Le formulaire A1 est à obtenir avant le départ de l’employé pour garantir que tous les aspects de la couverture sociale sont en place.
Ces démarches permettent de formaliser le déplacement professionnel et d'éviter les complications juridiques, tout en assurant une conformité totale aux normes locales. Elles sont indispensables pour protéger les droits des salariés détachés en Allemagne et garantir le bon déroulement de leur mission.
La durée du séjour professionnel en Allemagne peut influencer les démarches administratives à entreprendre. Pour les missions de moins de trois mois, les formalités sont relativement simples. En revanche, pour des missions plus longues, le salarié devra s’enregistrer auprès des autorités allemandes et, potentiellement, obtenir un permis de travail en fonction de la nature de ses activités.
Pour les travailleurs européens, dont les Français, les règles de libre circulation facilitent la mobilité, et l’autorisation de travail n’est généralement pas requise pour les missions temporaires. Toutefois, si la durée du séjour dépasse les 90 jours sur une période de six mois, il est essentiel de se rapprocher de l’Ausländerbehörde pour obtenir un certificat de résidence. Les entreprises doivent donc bien définir la durée de la mission avant d’envoyer leurs salariés, afin de s’assurer que le cadre administratif soit respecté, garantissant ainsi la conformité légale.
Les conditions de travail en Allemagne sont strictement encadrées, notamment pour les salariés détachés. La législation allemande impose aux entreprises étrangères de respecter les salaires minimums en vigueur, fixés par le MiLoG (loi sur le salaire minimum). En 2024, le salaire minimum en Allemagne s’élève à 12 euros de l’heure, et ce taux doit être appliqué aux travailleurs français envoyés en mission en Allemagne.
De plus, les conditions de travail, y compris les horaires, les temps de pause et les normes de sécurité, doivent respecter la réglementation locale. Les heures supplémentaires sont également réglementées, et les employeurs doivent veiller à ce que les heures travaillées soient correctement enregistrées et rémunérées. En cas de contrôle, les autorités allemandes peuvent vérifier que ces normes sont bien appliquées aux travailleurs détachés. Respecter ces règles contribue à la satisfaction des employés et évite des sanctions potentielles pour l’entreprise.
La santé et la sécurité au travail sont des aspects essentiels pour tout déplacement professionnel. En Allemagne, les entreprises françaises doivent s'assurer que leurs employés bénéficient d'une couverture santé adéquate durant leur mission. Le formulaire A1 permet de maintenir le salarié affilié à la Sécurité sociale française en garantissant sa couverture lors de missions temporaires. De plus, il est recommandé de souscrire une assurance complémentaire pour couvrir les éventuels frais de santé supplémentaires en Allemagne.
Sur le lieu de travail, les entreprises doivent veiller au respect des normes de sécurité locales. Le Betriebssicherheitsverordnung (règlement sur la sécurité des opérations) impose des mesures de prévention strictes, et l’employeur est responsable de la formation et de la sécurité de ses employés. Ainsi, que le déplacement implique des visites de chantier ou des réunions, il est indispensable de vérifier que toutes les mesures de sécurité sont en place pour éviter tout accident.
La fiscalité est une dimension importante à anticiper lors des déplacements professionnels en Allemagne, surtout pour les missions de longue durée. Selon la convention fiscale établie entre la France et l’Allemagne, si un employé passe plus de 183 jours sur le territoire allemand au cours d’une année fiscale, il est considéré comme résident fiscal en Allemagne. Cette règle implique que son revenu sera imposable en Allemagne pour cette période, même s’il reste employé par une société française. Ce seuil est défini pour éviter les situations de double imposition qui pourraient découler de la présence prolongée d'un employé dans un autre pays.
Pour les entreprises, il est important d’informer leurs salariés sur ces règles et d’établir des conventions fiscales adéquates afin de gérer les éventuelles implications fiscales transfrontalières. La convention entre la France et l'Allemagne permet, par exemple, aux entreprises de s'assurer que l'impôt sur le revenu du salarié ne sera payé qu’une seule fois, soit en Allemagne soit en France, en fonction du lieu où le salarié est principalement basé et exerce ses fonctions. Vous pouvez consulter le texte officiel de la convention fiscale franco-allemande pour en savoir plus sur les dispositions spécifiques.
En pratique, une entreprise française devra également examiner les éventuelles obligations de retenue à la source pour son salarié détaché en Allemagne. Le salarié pourrait être amené à payer des impôts directement en Allemagne, en fonction de son niveau de rémunération et de la durée de sa mission. En outre, les salariés français envoyés pour une mission prolongée peuvent être soumis aux impôts locaux allemands, comme le Lohnsteuer, qui correspond à l'impôt sur les revenus du travail.
Pour éviter les complications, il est souvent conseillé aux entreprises de recourir à des experts en fiscalité internationale ou de collaborer avec un cabinet comptable spécialisé en droit fiscal allemand. Cela permet de clarifier le régime d’imposition applicable et d’éviter des erreurs qui pourraient entraîner des pénalités fiscales pour l’entreprise ou l’employé. Une planification efficace de la fiscalité transfrontalière garantit donc la transparence pour l’entreprise et évite les mauvaises surprises pour les salariés lors de déplacements prolongés en Allemagne.
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